En 2025, la vente de produits contrefaits sur les marketplaces a pris une ampleur considérable, menaçant leur réputation et sécurité.
La contrefaçon représente aujourd’hui un défi majeur pour les plateformes de vente en ligne. En 2025, ce phénomène a pris une ampleur considérable, menaçant à la fois la réputation des marketplaces et leur sécurité juridique.
Selon les dernières estimations, le commerce de produits contrefaits représente près de 7% des échanges mondiaux, avec une présence particulièrement marquée sur les canaux digitaux. Pour les opérateurs de plateformes, la lutte contre ce fléau est devenue une priorité stratégique.
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L’évolution de la responsabilité juridique des plateformes
Le cadre légal entourant la responsabilité des marketplaces a considérablement évolué ces dernières années. Si le statut d’hébergeur technique offrait historiquement une protection relative aux plateformes, la jurisprudence récente a progressivement renforcé leurs obligations. Le principe de responsabilité limitée, issu de la directive e-commerce, s’applique désormais de façon plus restrictive.
Les tribunaux examinent attentivement le rôle actif que peut jouer une marketplace dans la présentation des offres et la promotion des ventes. Une plateforme qui optimise le référencement des annonces, suggère des prix ou promeut activement certains produits peut voir sa responsabilité engagée plus facilement en cas de vente de produits contrefaisants. Cette évolution jurisprudentielle oblige les opérateurs à repenser leurs mécanismes de contrôle et de modération.
Le Digital Services Act européen, entré pleinement en vigueur en 2025, a également renforcé les obligations des plateformes en matière de lutte contre les contenus illicites, dont la contrefaçon. Les marketplaces doivent désormais mettre en place des procédures renforcées de notification et d’action, avec des délais de traitement contraints et une obligation de transparence accrue sur les mesures prises.
Les mécanismes de notification et retrait efficaces
Le système de notice and take down (notification et retrait) constitue la pierre angulaire de la lutte contre la contrefaçon sur les plateformes. Pour être pleinement efficace et conforme aux exigences légales, ce mécanisme doit répondre à plusieurs critères essentiels.
La procédure de signalement doit être facilement accessible aux titulaires de droits comme aux utilisateurs de la plateforme. Un formulaire dédié, clairement visible et simple d’utilisation, permet de recueillir les informations nécessaires à l’identification précise du contenu litigieux et des droits prétendument violés.
Le traitement des notifications doit être rapide et rigoureux. Les équipes en charge de la modération doivent être formées à l’identification des produits contrefaisants et disposer de processus décisionnels clairs. Dans les cas complexes, où l’analyse de la violation des droits de propriété intellectuelle n’est pas évidente, le recours à un avocat e-commerce permet de sécuriser la décision et d’éviter tout risque de retrait injustifié ou de maintien inapproprié d’une annonce litigieuse.
La traçabilité des actions entreprises suite aux signalements est cruciale. L’historique des notifications reçues, des décisions prises et des justifications associées constitue un élément de preuve déterminant en cas de contentieux. Cette documentation démontre la diligence de la plateforme et son engagement concret dans la lutte contre la contrefaçon.
La vérification préventive des vendeurs
La politique d’admission des vendeurs représente un levier préventif puissant contre les risques de contrefaçon. Une marketplace vigilante met en place des procédures de vérification rigoureuses avant d’autoriser un nouveau vendeur à proposer ses produits sur la plateforme.
Le processus d’onboarding doit inclure la collecte et la vérification de documents d’identité fiables, d’informations sur le statut juridique du vendeur et de données permettant sa localisation précise. Ces éléments sont essentiels pour engager d’éventuelles poursuites en cas de comportement frauduleux.
L’analyse de l’historique commercial du vendeur peut également révéler des indices de risque. Un commerçant ayant déjà été signalé pour vente de produits contrefaisants sur d’autres plateformes mérite une attention particulière. Certaines marketplaces ont mis en place des systèmes de partage d’informations sur les vendeurs problématiques, dans le respect des règles de protection des données personnelles.
La mise en place d’un système de cautionnement peut dissuader les vendeurs mal intentionnés. En exigeant le versement d’une garantie financière, restituée après une période d’activité sans incident, la plateforme incite au respect des règles et dispose d’une compensation immédiate en cas de préjudice subi.
Les technologies de détection des produits contrefaits
Face à l’ampleur du phénomène, les solutions technologiques jouent un rôle croissant dans l’identification des annonces suspectes. L’intelligence artificielle permet désormais d’analyser en temps réel les nouvelles offres publiées et de détecter des signaux d’alerte.
Les algorithmes de reconnaissance d’image comparent les visuels téléchargés par les vendeurs à des bases de données de produits authentiques et de contrefaçons connues. Ces outils détectent les similitudes suspectes et signalent les annonces potentiellement problématiques pour une vérification humaine.
L’analyse sémantique des descriptions de produits peut également révéler des indices de contrefaçon. Certains termes ou expressions sont fréquemment associés à des produits non authentiques, comme les références à une “qualité identique à l’original” ou des prix anormalement bas par rapport au marché.
Les solutions de traçabilité blockchain commencent à être déployées pour certaines catégories de produits à forte valeur ajoutée. En permettant de suivre l’historique complet d’un produit, de sa fabrication à sa mise en vente, ces technologies offrent une garantie d’authenticité difficilement falsifiable.
La gestion des marchands récidivistes
La lutte contre la contrefaçon implique également une politique ferme à l’égard des vendeurs récidivistes. Les marketplaces doivent mettre en place un système gradué de sanctions, allant de l’avertissement à l’exclusion définitive de la plateforme.
Le suivi des infractions permet d’identifier les comportements répétés et d’adapter la réponse de la plateforme en conséquence. Un tableau de bord centralisant l’historique des signalements par vendeur facilite la détection des récidivistes et l’application cohérente des sanctions.
Les techniques de contournement des exclusions doivent être anticipées. Certains vendeurs tentent de revenir sur la plateforme sous une nouvelle identité après avoir été bannis. Des mécanismes de détection des comptes liés, basés sur l’analyse des métadonnées (adresse IP, coordonnées bancaires, etc.), permettent de contrer ces stratégies.
La collaboration inter-plateformes constitue une approche prometteuse pour lutter contre ce phénomène. En partageant, dans le respect du cadre légal, des informations sur les vendeurs exclus pour contrefaçon, les marketplaces peuvent collectivement renforcer leur défense contre ces acteurs malveillants.
La formation et la sensibilisation des équipes
Le facteur humain reste déterminant dans l’efficacité des dispositifs anti-contrefaçon. La formation des équipes de modération et de support vendeur constitue un investissement stratégique pour toute marketplace soucieuse de protéger son écosystème.
Les sessions de sensibilisation doivent couvrir les fondamentaux juridiques de la propriété intellectuelle, les techniques d’identification des produits contrefaisants et les procédures internes de traitement des signalements. Des exercices pratiques, basés sur des cas réels, permettent de développer l’expertise des modérateurs.
La collaboration avec les titulaires de droits peut enrichir ces formations. De nombreuses marques proposent des ateliers permettant aux équipes des plateformes de se familiariser avec leurs produits authentiques et d’apprendre à reconnaître les contrefaçons les plus courantes.
L’établissement de lignes directrices claires pour l’analyse des signalements garantit la cohérence des décisions prises. Ces guidelines doivent être régulièrement mises à jour pour intégrer les nouveaux schémas de fraude identifiés et les évolutions jurisprudentielles.
Vers une stratégie globale de protection de l’écosystème marketplace
La lutte contre la contrefaçon ne peut se résumer à une approche défensive et réactive. Les marketplaces les plus performantes dans ce domaine ont développé une stratégie proactive et intégrée, qui fait de la protection de l’intégrité de leur écosystème un avantage concurrentiel.
Cette stratégie repose sur la combinaison harmonieuse des différents leviers présentés précédemment : juridiques, techniques et humains. L’articulation de ces dimensions permet de créer plusieurs lignes de défense complémentaires, depuis la prévention jusqu’à la gestion des infractions avérées.
La communication transparente sur les efforts déployés contribue à rassurer tant les consommateurs que les marques légitimes. En démontrant son engagement contre la contrefaçon, une marketplace attire des vendeurs de qualité et fidélise des acheteurs exigeants, renforçant ainsi sa proposition de valeur dans un marché hautement concurrentiel.
L’investissement dans la lutte contre la contrefaçon doit être considéré comme une protection de la valeur à long terme de la plateforme. Les marketplaces qui négligent cet aspect s’exposent non seulement à des risques juridiques croissants, mais également à une dégradation progressive de leur réputation et de la confiance des utilisateurs, véritables actifs stratégiques dans l’économie digitale.


